1973 : année noire des contrôleurs aériens français

Le 5 mars 1973 eut lieu une des pires catastrophes aériennes de l’Histoire du ciel français. Un biréacteur DC9 et un quadriréacteur Convair se percutèrent au FL 290 au-dessus de la commune de La Planche (44), entraînant le décès de 68 personnes.
Ce dramatique accident, son contexte et ses conséquences sont aujourd’hui quasiment inconnus des jeunes générations et mal connus des moins jeunes qui ne l’ont pas vécu. Le SNCTA propose de revenir sur les circonstances de la collision en vol à travers l’émouvant témoignage filmé d’un grand acteur de l’époque, Daniel Gorin.
Daniel Gorin fut en 1965 un des membres fondateurs du SNCTA. À travers les souvenirs intacts du responsable syndical de premier plan qu’il était encore en 1973, s’éclairent les raisons d’un tel drame. Daniel, qui paya injustement les conséquences de son engagement syndical en étant révoqué à la suite de ce tragique accident, fut un des premiers à porter les valeurs du syndicat. En 2018, il en garde encore une force de convictions totalement intacte.
Quarante-cinq ans après, si un syndicat raconte des Histoires en mémoire, déforme et instrumentalise les évènements à des fins politiques et électoralistes, le SNCTA se souvient de l’éprouvant combat syndical mené par les contrôleurs, des sanctions disciplinaires et de cette tragédie pour laquelle l’État a été reconnu entièrement responsable en 1982.
Le SNCTA n’oublie pas ses aînés et se bat encore pour obtenir l’abrogation de ce qu’il estime être une révocation injuste et pour réhabiliter Daniel Gorin dans son honneur.
La vidéo est également disponible sur viméo.
Retraité, j’ai passé plus de trente ans à œuvrer avec et pour le SNCTA. Mis à pied 1 mois en 1973 sans solde avec rétrogradation d’indice. J’ai participé à toutes les grèves, et surtout préparé les CTP locaux et régionaux ainsi que les CAP au sein d’ADP. J’étais avec Christian Lung à LFPO dès 1967.
Yvon Augeard.
Bonjour Yvon,
Merci pour ton engagement syndical et pour ton témoignage.
ICNA retraité, j’ai participé à cette fameuse grève de 1973. Félicitations et tous mes encouragements à Daniel GORIN pour son combat actuel et pour tous ses engagements passés pour faire progresser la reconnaissance de la profession. Il a été de ceux qui ont planté ; les générations actuelles de contrôleurs aériens en récoltent les fruits aujourd’hui.
Merci au SNCTA, à Daniel, à Jean-Marie, à Jacques et à bien d’autres collègues.
Jean Napoli, CCR SE et approche de LFMN.
5 mars 1973 reste une date gravée en mémoire pour moi à cause de cette tragique collision.
Le CDB du Coronado, ARENAS avait été injustement accusé d’être responsable de la collision. Il fallait un bouc-émissaire pour cacher les carences du Plan Clément Marot et dédouaner les militaires.
J’ai œuvré près de 8 ans dans l’ombre pour démontrer que ARENAS n’avait commis aucune faute. J’avais des contacts avec des avocats, le Canard Enchainé, des pilotes, la BBC qui a fait un documentaire, des membres de la commission sécurité.
Il y aurait de quoi écrire un livre. Je vais au point final :
À force de fouiller, je tombe sur un petit alinéa du RAC 3 qui a disparu depuis ou a été modifié. Cet alinéa précise qu’en situation d’urgence ou potentiellement dangereuse, un pilote peut exécuter une manœuvre à condition de l’annoncer clairement sur la fréquence (transmitting blind prévu dans l’annexe 10 § 5.2.2.7.1 de l’OACI). C’est pourtant ce que fera ARENAS trois fois entre 12 h 49 et 12 h 52. Personne dans le rapport final ou dans l’enquête juridique n’avait mis en avant ce petit point réglementaire.
Je mets toute mon argutie sur le papier et prends rendez-vous avec l’avocat de Spantax. J’y rencontrerai pour la première fois ARENAS. L’avocat (spécialisé Conseil d’État) lit mon papier et me dit en l’agitant : « Monsieur, avec ça, nous sommes certains de gagner. Merci beaucoup. »
Et comme le rappelle Daniel : en 1982, le conseil d’État condamne l’État à 100 % de responsabilité.
Nous n’avons jamais condamné les militaires à qui ont demandait une mission pour laquelle ils étaient mal préparés, avec des moyens insuffisants. Le seul responsable était le ministre Robert Galley.
Henri EDON (CCR/N, LFPG, Egypte). Déplacé d’office à Saint-Étienne, puis Le Bourget.
Merci pour ce témoignage bouleversant qui aura permis de remettre au goût du jour le sens de LA VÉRITÉ au cœur d’une profession qui, selon moi, s’apprête à nouveau à devoir se serrer les coudes dans cette période de très forte mutation du transport aérien ;
Plus encore, il aura permis aux jeunes générations d’ICNA de prendre la mesure de tout le travail effectué par le SNCTA depuis son origine et qui se traduit aujourd’hui encore par une force et une volonté commune de faire progresser notre corps, dans l’intérêt de tous, usagers y compris, avec comme seule perspective : offrir plus de sécurité et plus de performance à un système ATC dont l’avenir du transport aérien, notre passion commune, dépend aujourd’hui plus que jamais ;
Yann SCHEFFLER, LFMN, un ICNA (97/A) qui n’a jamais vraiment décidé de devenir un jour Aiguilleur du Ciel, mais qui doit tout à cette profession…
Pour compléter mon intervention précédente, voici des extraits de l’arrêt du Conseil d’État lecture du 26 juillet 1982 (réf. no 26892 27066 Recueil Lebon).
Cons. que la collision survenue le 5 mars 1973 à la verticale de La Planche [Loire-Atlantique], entre un avion Convair Coronado de la société Spantax et un avion DC 9 de la société Iberia, s’est produite alors que les deux appareils, à qui le contrôle militaire de remplacement avait fixé le même niveau de vol, suivaient des itinéraires convergeant vers la même balise, qu’ils devaient survoler au même instant ; qu’en négligeant d’assigner un autre niveau de vol à l’un des deux avions, alors que rien ne s’y opposait, en transmettant au commandant de l’avion Convair Coronado, en vue de retarder l’appareil, des instructions qui n’étaient pas exécutables en l’état et qui n’ont pas été complétées, en ne l’invitant enfin qu’avec retard à passer sur la fréquence du secteur de Brest et en rendant aléatoires, de ce fait, les communications du Convair Coronado avec le sol, le secteur de contrôle de Mont-de-Marsan a commis des fautes lourdes qui engagent la responsabilité de l’État ; que, s’il est fait grief au pilote du Convair Coronado d’avoir, de sa propre initiative, entrepris un virage de 360° par la droite aux abords de la balise de Nantes, vers laquelle convergeait le DC 9 de la société Iberia, il résulte de l’instruction qu’avant de se résoudre à cette manœuvre, le pilote du Convair Coronado, qui n’était pas informé qu’un autre appareil, trafiquant sur une autre fréquence, se rapprochait de la même balise par sa droite, a fait part de ses intentions aux services de contrôle sur la fréquence qui lui avait été assignée et vainement sollicité leurs instructions à plusieurs reprises ; que, dans ces conditions, aucune faute ne peut être retenue à l’encontre du pilote de la société Spantax ;
……
DÉCIDE :
[responsabilité entière de l’État dans la collision ; réformation de l’article 1er du jugement en ce sens ; rejet du recours des ministres et du surplus des conclusions de la requête].
…….
En l’absence de toute faute du pilote, responsabilité totale de l’État.
Notre ami et collègue Daniel GORIN nous a quitté le 10 mai 2019 à l’âge de 89 ans. Ses obsèques ont lieu le jeudi 16 mai 2019 à 14h00 en l’église Saint Pierre et Saint Paul de Erquy (22430).
Le “TamTam” africain fonctionne trop bien pour ces tristes nouvelles ! J’étais aux cotés de Daniel lorsqu’il eut l’audace d’accuser notre ministre de l’époque d’assassin lors de la fameuse conférence de presse SNCTA/SNPL ou Henri avait brillamment exposé la situation de trafic. Avec le départ de Daniel nous avons perdu un GRAND MONSIEUR qui avait parfois une vision très lucide et concrète de l’avenir. Bon voyage l’ami !